Peut-on vivre d’un métier artistique ? Question vaste, car le champ des métiers artistiques est si large ! Les revenus des artistes sont également extrêmement variés : nous avons tous entendu parler de peintres ou d’acteurs millionnaires, et de peintres ou d’acteurs sans le sou.
Mais au-delà de ces extrêmes existe une multitude de métiers artistiques peut-être moins connus, mais tout aussi artistiques, car l’artiste est plus souvent appelé « artisan » qu’artiste : le verrier, le tisseur, le ferronnier, le potier, etc. La différence entre les termes artiste et artisan vient souvent plus du lieu où vont être exposées les œuvres, de la communication faite autour des objets fabriqués, que du savoir-faire exercé pour façonner les œuvres d’art.
Certains par exemple se définissent comme « céramistes d’art » et exposent des pièces uniques dans des galeries d’art, d’autres se définissent davantage comme « potiers » et présentent leurs œuvres au public sur des marchés de potiers. Mais le céramiste et le potier ont en réalité le même métier, ils façonnent la terre, lui donnent forme, et s’ils gagnent leur vie, qu’ils se voient comme un artiste ou un artisan, tous deux exercent finalement un métier artistique, car extrêmement créatif.
Pour répondre à la question : peut-on vivre d’un métier artistique ? Et y répondre honnêtement, en explorant le pour et le contre, il est important de s’intéresser à un cas précis qui servira d’illustration, un exemple à traduire ensuite en généralité.
Vivre de son art : l’exemple du potier
Intéressons-nous donc à la poterie, puisque nous avons déjà tiré cette carte du jeu des métiers artistiques :
Partons d’abord de l’idée reçue la plus courante :
À l’ère d’IKEA et de la fabrication à la chaine en usine, qui achète encore des céramiques fait main ? Qui serait prêt à investir plus d’une centaine d’euros dans un service de table, lorsqu’il peut en obtenir un pour moins de 20 euros ?
Comment un potier pourrait-il donc vivre de son art ? Potier a été un métier, mais cela n’existe plus comme travail rémunérateur. Il serait irréaliste d’imaginer vivre de la poterie. Ce n’est plus un métier, plutôt un passe-temps agréable.
Voilà ce que se disent la grande majorité des gens lorsqu’on leur demande ce qu’ils pensent de ce métier, et voilà pourquoi un très grand nombre de férus de la céramique n’osent jamais imaginer en faire leur métier.
Et pourtant, il existe des centaines de français déclarés « potier-céramiste » qui vivent de leur métier. Comment font-ils ?
Tous les céramistes ne vivent pas à 100% de leur art, car il faut souvent travailler plusieurs années pour acquérir une bonne maîtrise technique et une rapidité dans les gestes quotidiens pour que ce soit rentable. Mais il faut du temps également pour développer sa créativité et une sensibilité artistique qui permettent au potier-céramiste de créer des œuvres uniques, même lorsqu’il s’agit de petites séries pour la vaisselle, car c’est ce qui rend ses créations incomparables à une production d’usine.
Un artisan ou artiste potier est capable d’insufflerune âme à ses objets de terre, et dans ce cas, le public est au rendez-vous.
Il y a bien sûr le public déjà conquis par l’idée d’acheter ses objets décoratifs auprès d’artisans d’art. Mais beaucoup de personnes néophytes seront également capables d’apprécier une œuvre d’artisan si on leur donne l’occasion de la découvrir. Le public en a assez de l’impersonnalité, et a soif d’un renouveau artistique.
Un artiste céramiste devra donc avant tout trouver le moyen de montrer son travail, de se faire connaître, en utilisant les médiums classiques des marchés de potiers et des galeries d’art, mais aussi en innovant, en profitant des évolutions de son temps, en montrant ses œuvres sur Internet.
Il existe aujourd’hui de nombreux potiers vivant très bien de leurs œuvres grâce à Instagram !
Le secret ultime pour vivre de son art
Les potiers céramistes qui s’en sortent sont ceux qui ont pris les moyens de se former dans une école professionnalisante leur offrant tous les savoir-faire et les outils nécessaires pour se lancer, que ce soit pour l’aspect technique, ou pour le développement de leur créativité, et qui ont ensuite su partager leur énergie entre la production de leurs œuvres et la mise en avant de ces œuvres pour le public, sur Internet ou dans les réseaux artistiques établis.
Certains céramistes acquièrent une plus grande renommée et parviennent à mieux gagner leur vie. Pour d’autres, les résultats sont plus mitigés. Mais tous ceux qui s’en sortent ont accepté que devenir potier céramiste et en vivre confortablement était un rêve atteignable du moment qu’ils y mettaient tout leur cœur, qu’ils se donnaient les moyens de se lancer vraiment, et qu’ils savaient faire preuve d’un peu de patience, le temps de se faire connaître.
Cette petite vérité pour le monde de la céramique est vraie pour tous les métiers artistiques.
Dans le monde de l’art, tous les extrêmes existent. Certains vivent très bien de leur art, d’autre pas du tout. Mais ces extrêmes sont les exceptions. La majorité des artistes et artisans peuvent vivre bien, du moment qu’ils s’en donnent les moyens.